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Retour aux origines… un témoignage sur la création de la galerie

Dernière mise à jour : 22 mai 2023

« Maurice Bressy, que j'avais rencontré sur le quai Saint-Antoine, me raconta qu’il venait de trouver une ancienne mûrisserie de bananes pour la transformer en cercle culturel. Son objectif n'était guère précis, mais il était généreux de permettre aux gens de ce quartier renaissant et à d'autres probablement, de se rencontrer, d'échanger. Cette idée première évolua rapidement. En 1962 ouvrait sur la rive droite de la Saône une galerie d'art à l'enseigne de l'Œil Ecoute, hommage rendu à Paul Claudel. Vingt ans se sont écoulés. Cette galerie a une histoire que l'exposition présentée à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain nous raconte. Elle a aussi un style qui n'est pas de régenter la peinture, ni de s'abandonner à la défense d'une école. Les peintres qu'elle défend essaient tous de dessiner ou de peindre pour se dégager du miroir, pour échapper à l'image de leur intimité. Le lieu même les y invite. N'est-il pas opposition de l'ombre à la lumière, les « vapeurs roses » du crépuscule sur la Saône, du sombre au clair, de la douce continuité à la violence du jour.

photo : la poètesse Geneviève Metge en grande conversation avec la fondatrice de la galerie Janine Bressy © Daniel Piperno

Janine Bressy n'a jamais voulu enfermer la peinture dans un temple. Elle ne souhaite pas que l'art soit vénéré. Elle voudrait rem


placer la transaction par l'adhésion. Le geste d'amour pour une création, ce geste qui dissipe nos inquiétudes devant l'œuvre. Ce sont les circonstances dues au hasard et la passion d'une femme pour les arts plastiques qui ont permis à la galerie l’Œil Ecoute de vivre. Cette passion a poussé Janine Bressy à rejeter toute action picturale calculée n’ayant pour objectif que de modifier notre environnement, donc de plaire, pour retenir sur ses cimaises une peinture qui est le fruit d'une spéculation intellectuelle explorant le monde, mettant à nu des sensibilités nouvelles, une peinture et une sculpture dérangeante. Janine sait que les œuvres qu'elle présente portent, toutes, témoignage en faveur de l'époque. Elle n'ignore pas davantage quelle place tiennent aujourd’hui les signes visuels et quel rôle joue et jouera plus encore demain la pensée plastique. Les cimaises de l'Œil Ecoute s'épanouissent sur celles plus vastes de l'ELAC. Une aventure est ainsi portée à la connaissance d'un plus large public, car l'art n'est ni la chose des mandarins, ni celle des initiés. Chaque tableau, chaque sculpture sont doués d'une vie propre qui échappe au créateur et s'élabore au contact d'autres, dont l'Œil Ecoute, chaque tableau, chaque sculpture sont des machines à évoquer, des machines à penser. »


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