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Gérard Gasquet, peintre de l'invisible

"Quel lien entre le visible et l'invisible ?"


Entrer dans l’atelier de Gérard Gasquet, c’est pénétrer une caverne d’Ali Baba et espérer voir s’ouvrir la lampe d’Aladin et apparaître son génie.

Patio caché de la rue et des passants
On entre dans l'atelier de Gérard Gasquet par une porte dérobée, à l'abri des regards

Il faut franchir trois portes dont une s’ouvrira au bon vouloir de son hôte, sur un charmant jardin, patio plein de verdure. Le calme et le silence habitent le lieu. Comme le peintre. Un peu taiseux… mais pas vraiment.



L’homme est délicat, charmeur, interrogateur… mais pourquoi un interview ? Quelle drôle d’idée que de vouloir m’interroger, me faire parler, m’avait-il dit. Et puis, on avait pris rendez-vous. Mais pas avant l’an prochain, avait-il demandé ! Et voilà, c’est aujourd’hui que l’échange a eu lieu, par une journée de début de printemps, claire et doucement ensoleillée.

Alors pourquoi peintre ? Pourquoi donc être venu à la peinture ? Ce sont les circonstances ! Je n’était pas si doué que ça en maths et donc ne s’ouvraient à moi ni la profession de chirurgien, ni celle de pilote de ligne … raconte simplement Gérard Gasquet, qui après de premières études utilisant la matière, s’ennuie ferme. Et c’est à un père « intelligent » qu’il doit d’entrer aux Beaux-Arts. Je dessinais tout le temps dit-il et là « j’étais chez moi ; c’était une illumination » !


Dans son atelier, Gasquet à l'écoute de l'invisible ?

Des Beaux-Arts de Lyon aux Beaux-Arts de Paris, en passant par la BD puis par l’enseignement, « j’ai fait de la peinture, tout simplement » dit-il, « sans chercher à faire ce qui fonctionne, ce qui est dans l’air du temps. La norme m’ennuie… ». Et de façon assez paradoxale, c’est la peinture qui l’a attiré plus que tout.

La rupture Jusque dans les années 80, le milieu de la peinture était actif, il avait sa place dans la vie culturelle, reconnue, remarquée et distinguée. Jusqu’à ce que l’ère « contemporaine » pousse les murs. Ce passage marque un point de rupture. Ceux qui peignaient ne trouvaient plus leur place. « On virait les gens qui peignaient » au profit d’autres enseignements… explique Gérard Gasquet sans la moindre acrimonie. Il dit juste « on n’a pas eu cette chance »…

Et puis, on a recommencé à « reparler » de peinture en s ‘appuyant plus volontiers sur une approche plus intellectuelle que sur le vécu, analyse Gérard Gasquet. Une perte probablement irrévocable de cette sensibilité si particulière qu’exprime le peintre et qui l’amène immédiatement à se poser la question « n’y a-t-il pas de place pour le peintre dans la société ? ». Le peintre aurait-il été tout simplement oublié ? En guise de réponse Gérard Gasquet évoque un parallèle avec une certaine dépréciation de l’esprit, l’esprit au sens de la spiritualité. Les gens s’arrêtent à la « surface » alors que l’esprit voudrait la « permanence, le silence » et ainsi tenter d’approcher le lien entre « le visible et l’invisible ».


« Sans Bacon et Zurbarán je n’aurais jamais peint »


Une question de charge ?

Si certains s’expriment au travers de leur peinture, d’autres « pataugent », « testent » pour franchir un palier, entrer en contact. Gérard Gasquet fait partie de ceux-là. Il dit que « dans le geste quelque chose s’inscrit » et cherche à révéler cet échange, cette perception du « vibratoire » qui permet d’entrer en contact avec l’autre. Une chance, dit-il en jouant d’un trait d’esprit pour nous dire que « une société a besoin de ses clowns »…


Gérard Gasquet voit dans la peinture un espace mental qui se dégage, un espace qui permet de réfléchir. A l’instar de cette émotion ressentie devant les peintures de Francis Bacon et qui lui permet aujourd’hui encore d’affirmer que sans Bacon, il n’aurait jamais peint. Très jeune, il voit chez le peintre britannique "une puissance", ce qu'il exprime est "clair et net.

Et quand on lui parle d’avenir, il dit simplement « je ne vois pas l’avenir ». Il va nous falloir « expulser nos déchets pour passer à autre chose ». Et nous livre un constat, « le fait d’avoir abandonné ce monde sensible qu’est la peinture… » conduira sans doute à vivre des échéances difficiles.


tubes de peinture à l'huile, pinceaux, brush, pots
Débauche de tubes et de pinceaux, de brush bien alignés

Peintre, sculpteur, Gérard Gasquet est né à Lyon en 1945. Formé aux Beaux-Arts de Lyon puis aux Beaux-Arts de Paris.

Entretien réalisé le mercredi 24 février 2021 Photos © Hélène de Boissieu










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